Charlotte Chappuis: «Un mélange de joie, de fierté, et aussi un peu de peine à réaliser»

Au coup de sifflet final lors de la victoire contre la Croatie, tu gardais le but suisse. Qu’as-tu ressenti à ce moment-là? 

Charlotte Chappuis: J’ai ressenti une énorme joie et aussi une immense fierté d’avoir pu jouer aussi longtemps et d’avoir fait une plutôt bonne performance dans un match aussi important. C’est un mélange de joie, de fierté, d’émotion, et aussi un peu de peine à réaliser tout ce qu’il nous arrive. C’est un sentiment indescriptible, il faut le vivre pleinement. 

Comment décrirais-tu ton parcours avec l’équipe M19 jusqu’à présent? Quel est ton rôle et comment tu gères les émotions?

Charlotte Chappuis: J’ai été repêchée en septembre par Martin (Albertsen, ndlr.). C’était assez inattendu parce que j’avais décidé de faire une pause en équipe suisse pour plusieurs raisons. Durant la saison, j’ai participé à plusieurs stages d’entraînement. Je n’ai pas malheureusement pas pu participer aux deux derniers entraînements car j’étais en période d’examen, mais Martin croît en moi et m’a sélectionné pour l’Euro. 

Mon parcours en équipe nationale est aussi à la fois dur et enrichissant car j’ai encore beaucoup à apprendre, tant au niveau physique que mental. Mon rôle dans l’équipe est naturellement de faire des arrêts, mais aussi de créer une certaine confiance avec mes coéquipières dans le but qu’elles puissent compter sur moi en renfort lors de match. 

Tu avais déjà été sélectionnée par le passé, mais sans être engagée dans un tournoi officiel. Qu’est-ce qui a changé depuis, comment vis-tu désormais ta place dans l’équipe nationale M19? 

Charlotte Chappuis: C’est effectivement le premier tournoi officiel auquel je participe. Et dans des moments pareils, on doit toujours rester concentrée et en forme malgré le fait qu’on soit parfois fatiguée physiquement ou mentalement. Je travaille davantage sur le côté mental car n’ayant pas beaucoup de temps de jeu, je dois être prête à n’importe quel moment du match. Lors des stages, je ne voyais pas autant l’aspect de compétition, mais ici, les émotions sont multipliées par l’enjeu et le niveau est bien plus élevé.

En tant que francophone, comment gères-tu la «barrière de la langue»?

Charlotte Chappuis: La barrière de la langue est un défi pour moi car je n’ai appris l’allemand que lors de ma scolarité. Et le suisse-allemand est une langue quasi à part que j’appréhende encore un peu. Au niveau de l’intégration, c’est certainement moins facile parce que mes coéquipières ne parlent pas français. Mais le point positif, c’est que je m’améliore de jour en jour (rit).

Comment travaillez-vous en équipe entre les gardiennes? Quels sont vos points forts respectifs?

Charlotte Chappuis: On se conseille mutuellement, par exemple en communiquant sur les joueuses adverses. On se pousse vers le haut en s’encourageant et on partage notre expérience. Claire est une gardienne qui travaille beaucoup avec son mental et qui a une très bonne qualité d’analyse. Elle est très complète, à la fois très explosive et très calme. De mon côté, je joue énormément à l’instinct, et je suis aussi assez explosive dans mes réactions.

Qu’espères-tu pour la suite du championnat d’Europe? Quelles seront vos clés de succès face au Portugal et à la Roumanie?

Charlotte Chappuis: J’espère surtout que nous réussirons aller le plus loin possible tout en restant soudée et motivée. Et pourquoi pas atteindre les demi-finales voire la finale ? Je pense que nos clés de succès sont notre esprit et notre cohésion d’équipe, on passe de super moment toutes ensemble. Notre défense est très solide, ce qui nous permet une transition rapide en attaque. Ces éléments peuvent nous permettre une victoire face à ses équipes.

Tu viens de signer à Winterthur pour intégrer une équipe de SPL1 dès la saison prochaine. Quel sera ton objectif dans ce nouvel environnement? 

Charlotte Chappuis: C’est vrai que le handball occupe une grande partie de ma vie à présent. Je prendrai des cours intensifs d’allemand les premiers mois, et espère pouvoir continuer mes études de physiothérapeute avec des stages. Mon objectif principal est de pouvoir progresser encore et encore, parce que j’ai encore énormément à apprendre. C’est un peu comme un nouveau départ, une nouvelle vie. Je me réjouis de pouvoir jouer à un niveau auquel je me sens à l’aise et en challenge - j’aime bien quand le jeu va très vite !