Plus de 150 matchs internationaux - la gardienne suisse Manuela Brütsch raconte ses meilleurs moments

Manuela Brütsch a déjà franchi l’étape importante du 150e match disputé en équipe nationale en novembre dernier à Cheb/CZE, lors de la défaite de 22-27 contre la Norvège. Ce jeudi, lors de la victoire suisse de 36-30 contre les Lituaniennes, elle a ajouté le 151e match international à son palmarès. Dimanche, au match à domicile à Gümligen BE, Brütsch sera honorée pour ses grands mérites.

 

Manuela, te souviens-tu de ta première en équipe nationale?
Manuela Brütsch: En toute honnêteté? Je ne me souviens que vaguement de mon début en équipe nationale. Cependant, la qualification pour la Coupe du monde de l’époque est encore très présente dans mon esprit. En novembre 2004, nous nous sommes envolés pour l’Azerbaïdjan et c’était ma première sélection. J’ai ensuite fait mes débuts en équipe nationale lors du deuxième match contre le Portugal. J’avais alors 20 ans.

Depuis, tu as disputé 150 matchs internationaux. Un chiffre incroyable. Quelle a été ta plus grande victoire au cours de ces 18 années en équipe nationale?
Il est difficile de mettre en avant un seul match. Malheureusement, nous n’avons jamais réussi à participer à un grand événement. Ce qui reste un merveilleux souvenir, ce sont les deux victoires contre l’Ukraine en 2018, qui étaient très surprenantes pour nous. Il s’agissait du premier stage avec le nouvel entraîneur Martin Albertsen. Des moments forts ont également été les préqualifications pour la Coupe du monde à Siggenthal en 2018 et en Biélorussie l’année dernière. Ensuite, nous avons échoué de justesse contre les Tchèques.

Est-ce que c’était la défaite au goût le plus amer?
Nous n’avons jamais été aussi près du but. Dans mes premières années en équipe nationale, il nous manquait souvent la foi en la victoire. C’était certainement différent lors du match retour des play-offs pour la Coupe du monde de l’année dernière. Nous avions joué un match nul dans le match aller à Cheb contre la République tchèque.

Tu as aussi beaucoup voyagé au cours de tes 18 ans en équipe nationale. Raconte-nous ton voyage le plus fou!
Le Brésil en 2016 – ce fut certainement la plus grande aventure de ma longue carrière en équipe nationale. Les Brésiliennes nous ont invitées à la dernière minute pour un match de préparation pour les Jeux olympiques de Rio. Nous avions l’impression d’avoir gagné des vacances au Brésil dans un concours. Nous nous sommes finalement rendues en Amérique du Sud pendant une dizaine de jours, nous nous y sommes entraînées et avons affronté le Brésil à deux reprises sur le site olympique. Nous pensions que cela n’intéressait personne. Mais c’était loin d’être le cas. Bien que nous ayons joué à neuf heures et demie du matin (!), les supporters ont fait une énorme fête dans les gradins. Ils étaient plusieurs milliers.

Qu’est-ce qui a le plus changé dans les rassemblements de l’équipe nationale depuis tes débuts en 2004?
Le sport a évolué, tout est devenu plus professionnel. A mes débuts, nous n’étions pas très présentes dans les médias en Suisse. Puis, à un moment donné, nos matchs à domicile ont été retransmis à la télé. L’attitude des joueuses a également changé. Avant, beaucoup ne misaient pas uniquement sur le handball, devaient coordonner les stages de l’équipe nationale avec leur travail et prendre des vacances. Aujourd’hui, nos matchs sont beaucoup mieux commercialisés. Lorsque j’entre dans une salle, je remarque que oui, ce match est un événement. Ce n’était certainement pas le cas à l’époque.

Qui était ta meilleure coéquipière?
C’est difficile à dire, car le sport et le niveau ont beaucoup changé. Avant, notre star était sans doute Barbara « Baba » Spreiter. Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de joueuses de niveau international, à commencer par Kerstin Kündig, qui est l’une de nos meilleures joueuses.

Et qui est ta meilleure amie dans l’équipe?
Aujourd’hui, je partage la chambre le plus souvent avec Kerstin Kündig. Avant, c’était avec Karin Weigelt. Je pourrais citer encore beaucoup d’autres joueuses. Ce qui est bien, c’est que j’ai toujours des contacts avec d’anciennes joueuses d’équipe nationale.

Tu as 38 ans, mais de plus en plus de joueuses de moins de 20 ans évoluent aujourd’hui dans l’équipe nationale. Quel est ton message pour elles?
Pour avoir du succès, il ne faut jamais se contenter de quelque chose. Autrefois, la plus grande chose qu’une joueuse suisse pouvait atteindre était la Bundesliga. Aujourd’hui, certaines peuvent aussi rêver de la Ligue des champions. Mais il faut toujours avancer « pas à pas », et parfois faire une étape intermédiaire – le succès vient alors automatiquement.

Jetons un coup d’œil sur l’avenir. Quels sont tes projets avec l’équipe nationale suisse?
J’ai décidé que je voulais certainement encore jouer les championnats d’Europe à domicile en 2024 à Bâle. C’est mon dernier objectif. Mais cela n’est pas garanti. D’une part, il faut être en bonne condition physique, d’autre part, il y a aussi de la concurrence à ma position de gardienne de but, ce qui est normal. Mais l’Euro à domicile serait certainement une belle fin de ma carrière.

L’équipe nationale suisse sans toi – c’est presque impossible. Resteras-tu avec l’équipe après ta carrière active?
J’aimerais bien rester dans le handball suisse. Cela ira probablement dans le sens de l’entraînement des gardiennes. Que ce soit dans un club, en équipe nationale ou chez les juniors, l’avenir nous le dira. Mais j’aimerais bien donner quelque chose en retour.

Dimanche, dans le cadre des qualifications pour le championnat d'Europe, l'équipe nationale féminine jouera à domicile contre la Lituanie à Gümligen BE. Manuela Brütsch sera honorée avant le coup d'envoi à 16 heures. La FSH a déjà vendu environ 1'000 billets, mais il est toujours possible d'acheter des billets d'entrée via Ticketcorner. 

Source: Raphael Bischof (Text), Muriel Fiechter (Übersetzung)