Situation financière: «Il nous manque des revenus de plus d’un million de francs»

La FSH peut utiliser les fonds du programme de stabilisation fédéral pour rembourser aux clubs les frais d’équipes pour tous les matchs annulés en automne dernier. Comment cela est-il possible?

Jürgen Krucker: Nous nous engageons à tous les niveaux pour le handball et nous essayons d’amortir les dommages financiers causés à la Fédération et aux clubs. Toutes les contributions de soutien qui n’affectent pas la Fédération seront bien sûr directement transférées aux clubs. Dans le cadre du programme de stabilisation 2020 de la Confédération, nous avons effectué une demande de remboursement des frais d’équipes, pour la période allant de la mi-octobre à décembre et nous avons reçu les fonds requis. Nous sommes donc heureux de pouvoir restituer aux clubs un montant de près de 500'000 francs.

Le championnat est également suspendu en janvier et février. Les clubs peuvent-ils aussi s’attendre à un remboursement des frais d’équipes pour cette période?

Jürgen Krucker: Si une telle possibilité devait se présenter en 2021 par un nouveau programme de stabilisation, nous y consacrerions à nouveau tous nos efforts. Nous ne pouvons toutefois pas assurer la garantie de remboursements supplémentaires. Nous partons du principe que les pertes liées au COVID-19 seront plus importantes en 2021 qu’en 2020 et que le soutien fédéral ne sera pas obligatoirement plus élevé. Au final, la suite dépendra des fonds mis à disposition par le gouvernement et de la manière dont ils seront distribués.

Le remboursement partiel des frais d’équipes pour l’automne 2020 ne provient donc pas des fonds propres de la FSH?

Maik Born: Non, cela ne serait pas possible. En raison de la pandémie, la Fédération se retrouve dans une situation financière très difficile. Il nous manque actuellement des recettes budgétisées importantes, en particulier celles provenant des compétitions. Le nombre de licences est inférieur aux prévisions, car il va de soi que toutes les nouvelles inscriptions, que nous recevons habituellement à partir de la deuxième moitié de la saison, ne seront pas ajoutées à la liste cette année.

Par ailleurs, les frais facturés aux clubs pour les nouvelles licences et équipes, les mutations, etc. sont beaucoup plus bas que ce qui était initialement prévu dans le budget. Depuis fin septembre, nous avons complétement supprimé les frais pour les reports de matchs, ce dont beaucoup de clubs ont pu bénéficier. Nous n’avons en outre pas non plus encaissé les recettes des spectateurs lors des matchs internationaux.

Nous sommes cependant heureux de pouvoir compter sur le soutien précieux et la solidarité sans faille de nos sponsors. Nous n’avons heureusement subi aucune perte dans ce domaine-là. Il nous manquera néanmoins plus d’un million de francs de revenus à la fin de l’exercice.

La Fédération n’a-t-elle pas de possibilité de faire des économies pendant la pandémie?

Maik Born: Nous avons bien sûr fait de gros efforts pour réduire les coûts. Nous faisons notamment des économies en frais de sport et d’événements, les «dépenses liées au sport», qui s’élèvent à environ 600'000 francs. Nous profitions également du dispositif de chômage partiel pour ne pas être dans l’obligation de licencier des salariés. De nombreuses tâches et projets, et en conséquence les dépenses y afférentes, doivent être poursuivis même durant une saison avec un championnat très abrégé. Nos prévisions actuelles pour l’exercice en cours montrent que nous devons nous attendre à un déficit d’environ un demi-million de francs. Nous sommes donc confrontés à un grand défi sur le plan financier.

La Fédération ne pourrait-elle pas alors simplement réduire ou repousser les projets en cours et économiser ainsi des frais supplémentaires?

Jürgen Krucker: Dans la situation actuelle, ce serait fatal. Au contraire, c’est précisément le moment où nous devons concentrer tous nos efforts et poursuivre nos activités. Nous devons investir judicieusement et développer de nouvelles formes de jeu afin que dans le cadre des dispositions gouvernementales, nous puissions rejouer au handball le plus rapidement possible. Aujourd’hui, nous avons à veiller à ce que les enfants et adolescents continuent à pratiquer notre sport, voire même aient envie de rejoindre le handball. Dans le cas contraire, nous rencontrerions à moyen terme un énorme problème.

Si la situation financière est si précaire, pourquoi la Fédération rembourse-t-elle 500'000 francs de frais d’équipes?

Jürgen Krucker: Comme nous l’avons mentionné plus haut, nous avons pu déclarer les frais d’équipes pour les matchs annulés entre la mi-octobre et décembre comme dommages liés au COVID-19. Ce montant nous a été affecté comme soutien dans le cadre du programme de stabilisation 2020 de la Confédération. L’argent qui provient de ce programme appartient aux clubs et non à la FSH.

La FSH n’a pas pu réclamer de dommages dans le cadre du programme de stabilisation 2020, même qu’une perte pouvant aller jusqu’à un demi-million de francs soit prévue. Pour quelle raison cette perte n’a-t-elle pu être mentionnée dans le programme de stabilisation?

Maik Born: Le programme de stabilisation couvre l’année civile et non notre exercice financier (juillet à juin, ndlr). Au cours du dernier exercice 2019/20 et grâce à une réduction des dépenses liée à la pandémie, nous avons pu enregistrer un bénéfice qui s’élevait à environ 180'000 francs. Ce bénéfice doit être compensé par les pertes liées au COVID-19 lors de la première moitié de la saison 2020/21. Ce sont les exigences du programme de stabilisation.

Par ailleurs, en ce qui concerne l’exercice 2020/21, une grande partie des pertes liées au COVID-19, se rapportent à l’année civile 2021. Nous espérons pouvoir les réclamer dans le cadre du programme de stabilisation 2021. Nous ne savons cependant pas encore quelles seront les spécifications de ce prochain programme de stabilisation et quelle sera le montant de la somme allouée au handball suisse. En général, nous prévoyons pour 2021 un montant des dommages plus élevé, et ceci pour toutes les organisations sportives.

Dans les prochains jours, Swiss Olympic fera parvenir à tous les présidents un sondage concernant le programme de stabilisation 2021. Nous encourageons tous les clubs à participer à ce sondage, afin de fournir à la Confédération le montant des pertes attendues en 2021.

En plus des frais d’équipes, il y a aussi un débat autour des licences. Y a-t-il des remboursements prévus à cet effet?

Jürgen Krucker: Non, un remboursement n’est pas prévu et il existe un consensus à ce sujet entre les différentes fédérations et Swiss Olympic. Nous n’avons aucune marge de manœuvre financière. Nous dépendons absolument des cotisations de licences pour maintenir nos activités. Les cotisations de licences sont la base sur laquelle est construite notre fédération. Chaque joueur et joueuse de handball apporte ainsi une contribution à l’ensemble du sport et aux nombreuses activités ainsi qu’aux projets de développement.

En général, nous recommandons également à nos clubs de facturer les licences à leurs membres. Nous comptons sur la solidarité de chacun d’entre eux. Ce n’est que si chacun et chacune apporte sa pierre à l’édifice que cette crise pourra être surmontée d’un point de vue financier. Cela s’applique autant pour les clubs que pour les fédérations. Il est désormais particulièrement important, en tant que communauté, d’être solidaire.

Qu’en est-il des paiements d’acompte pour les arbitres et les délégués? En septembre, les clubs ont reçu une première facture pour la période allant jusqu’en novembre, qui comprenait également des matchs qui ont dû être annulés.

Maik Born: C’est exact, et ces paiements d’acompte seront bien sûr remboursés pour tous les matchs qui n’ont pas eu lieu. Actuellement, la saison est seulement interrompue. Si nous sommes obligés de l’annuler, nous établirons les chiffres des décomptes finaux à la fin de la saison et nous rembourserons les sommes indûment perçues.

Que fait concrètement la FSH actuellement pour rendre les activités possibles?

Jürgen Krucker: Nous devons constamment créer des conditions favorables en vue de pouvoir rejouer le plus tôt possible au handball, dès que les dispositions gouvernementales le permettront. Dans cette perspective, de nouveaux scénarios sont élaborés et en collaboration avec les clubs, nous composons de nouveaux calendriers de matchs. La reprise va en effet requérir un certain délai.

En parallèle, et au cas où les championnats ne seraient plus possibles cette saison, nous devons aussi déjà penser en termes de scénarios alternatifs. Il nous faudra alors être en mesure de proposer des activités alternatives, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Diverses questions sont en cours de clarification et nous devons pouvoir agir avec souplesse.

Nous nous efforçons également de faire en sorte que l’entraînement des enfants et des jeunes de moins de 16 ans puisse se poursuivre sans restriction. Nous incitions les clubs à encourager impérativement ces entraînements, tandis que de notre côté, nous nous engageons au niveau politique afin que les salles de sport aujourd’hui fermées puissent rouvrir pour les entraînements destinés aux enfants et aux adolescents.

Source: Marco Ellenberger